Laïcité, vivre-ensemble, antiracisme

Suite aux attentats de janvier dernier, le CDFD de Côte d’Or a décidé d’organiser une journée d’échanges et de réflexion autour des questions de laïcité, vivre-ensemble, antiracisme, à destination en particulier des professions qui sont au contact des jeunes et remplissent des missions d’éducation. Cette journée, ouverte à tous les adhérents des syndicats de la FSU, s’est déroulée le mardi 10 mars à la Maison des Sciences de l’Homme de l’Université de Bourgogne et a rassemblé plus de 85 participants.

Plusieurs intervenants se sont déplacés pour cette occasion : Louiza Belhamici (chargée de la formation à la Commission Islam & Laïcité et coprésidente du Collectif Féministes Pour l’Égalité), Abdelaziz Chaambi (président de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie), André Déchot (co-auteur de « La galaxie Dieudonné »), et des membres d’associations départementales telles que La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP).
Les débats se sont portés autour de ces différentes questions :
  Quelle définition de la laïcité ? Les principes de 1905
  Quelles sont les réalités de l’islam en France ?
  Comment éduquer contre tous les racismes, contre l’antisémitisme, contre l’islamophobie ?
  Comment éviter la récupération par les extrêmes droites ?
  Comment partager les valeurs permettant le « vivre-ensemble » ?
  Quelles pratiques professionnelles pour que les jeunes vivent la démocratie au quotidien ?

L’assemblée s’est séparée en trois ateliers :
  Laïcité et loi de 1905 : les grands principes
La loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas toute la laïcité, mais elle en constitue le cœur. Comment faire appliquer cette loi et refaire de la laïcité un outil pour mieux vivre ensemble ?
Jean Jaurès définissait la laïcité comme « création d’un milieu de liberté où chacun effectue ses choix », la leçon est toujours d’actualité.

  Aspects juridique
C’est l’exemple de l’accompagnement des sorties scolaires qui a été mis en avant, suite au débat concernant les mères voilées accompagnant les élèves pendant les sorties scolaires, à savoir si ces mamans devraient finalement être soumises ou non au principe de laïcité.
 
  Education à l’égalité et religions
Réflexions collectives sur les pratiques professionnelles, comment expliquer la laïcité aux élèves, que peut l’éducation face aux extrémismes.

L’après-midi fut consacrée aux théories complotistes et résaux Soral/Dieudonné avec l’intervention d’André Dechot, représentant de la Ligue des Droits de l’Homme et co-auteur de l’ouvrage « La galaxie Dieudonné ».
Le binôme Soral/Dieudonné était d’apparence improbable vu leurs différences d’origine identitaires, sociales et culturelles.
Ces deux personnalités sont très dangereuses car elles attirent une partie significative de la jeunesse en se disant « antisystème », alors qu’elles sont surtout antisémites, antimusulmans, anti-roms, antiféministes etc…
Soral et Dieudonné s’adressent effectivement plus particulièrement aux jeunes qui sont plus facilement influençables, qui n’ont pas encore d’idées et de références politiques, et qui trouvent dans les pratiques et les paroles de ces deux conspirateurs des réponses toutes faites. Dieudonné crée des gimmicks pour permettre à ses sympathisants de se reconnaitre, de s’identifier (le signe de la quenelle).
Si le discours complotiste est aussi efficace, c’est qu’il donne l’illusion, aux jeunes notamment, de penser par eux-mêmes. C’est pourquoi il est très important de prendre au sérieux les théories du complot.
Nombreux enseignants ont été confrontés aux doutes des élèves sur la réalité des attentats du 7 janvier dernier contre Charlie Hebdo, qui pour certains ont refusé de participer à la minute de silence, ou qui ont perturbé ces moments en s’amusant et rigolant.
Une lycéenne raconte à une enseignante qu’avec ses camarades, ils ont eu des confusions à cause d’Internet qui transmettait de mauvaises informations, qui faisait douter et qui donnait l’idée d’un complot. Certains enseignants ont dû montrer des vidéos provenant de chaînes d’informations à leurs élèves démontant point par point les arguments complotistes.
Ce travail pour démonter les théories du complot est à faire partout, pas seulement à l’école. A noter que ce sont chez les électeurs du front National que l’on entend le plus parler de ces théories complotistes.

A noter qu’à l’Université de Bourgogne, plusieurs séminaires et colloques (Le printemps contre les discriminations), ouverts à tous, vont avoir lieu prochainement à l’université afin de sensibiliser aux questions des inégalités et de développer une vision critique de la lutte contre les discriminations et le racisme.

Virginie KILANI